Les couples féminins sont utilisés fréquemment par François Boucher dans ses tableaux. Ces couples sont parfois de simples sujets secondaires dans de grandes compositions, comme les naïades dans "l'enlèvement d'Europe" ou dans "Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé." Les naïades sont reconnaissables à l'urne qu'elles maintiennent près d'elles et d'où coule un fleuve.
Boucher utilise également des couples féminins pour des scènes plus intimes, dans lesquelles ils forment le sujet principal. Il utilise alors la mythologie pour justifier la représentation des couples féminins, comme avec Diane et Callisto. Callisto est une suivante de Diane et a fait vœu de chasteté. Jupiter, séduit par ses charmes, se déguise sous les traits de Diane avant de se présenter à Callisto. Il l'embrasse, puis ne dévoilant sa vraie nature que lorsqu'elle ne peut plus fuir, lui fait un enfant. Lorsque Diane s'aperçoit quelques moi plus tard lors d'un bain que Callisto est enceinte, elle cherchera à la punir. Jupiter la protègera alors en la transformant en ours. Boucher choisit de représenter dans ses tableaux "Diane et Callisto" ou "Jupiter et Callisto", le moment où Callisto ne s'est pas encore aperçue de la fourberie de Jupiter. Elle s'abandonne dans les bras de celui(celle) qu'elle croit être Diane. Sur ces tableaux seul l'aigle, rappelant la présence de Jupiter, indique que ce couple féminin n'en est pas un.
Boucher affectionne particulièrement ce thème et le représente au moins cinq fois pendant 25 ans (1744 Moscou voir au dessus, 1759 Kansas City, 1765 New York, 1769 Birmingham, 1769 Londres Wallace collection). A chaque fois il choisit le même instant du mythe de Callisto, alors que d'autres choisiront de représenter le moment où Jupiter reprends son apparence masculine (Caesar van Everdingen - Jupiter et Callisto 1655), ou lorsque Diane (la véritable déesse) réalise quelques mois plus tard lors d'un bain qu'une de ses suivantes a fauté avec un homme.
Néanmoins la mythologie est parfois impuissante à justifier les couples féminins de Boucher. Dans un autre mythe, une jeune fille nommée Erigone tapa dans l'oeil de Dionysos. Ce dernier l'engrossa en se transformant en grappe de raisins. Boucher donne dans Erigone vaincue une jeune partenaire à Erigone, qui ne peut pas être Dionysos lui même représenté sous forme de raisin. Qui est alors la jeune femme aux côtés d'Erigone ? (Si quelqu'un a la réponse je suis preneur). Elle ne semble pas nécessaire à la compréhension de la scène. Jan Mabuse représente deux siècles plus tôt Zeus sous forme de pluie d'or engrossant Danaé (voir plus bas) sans avoir recours à un deuxième personnage. De plus Boucher ne choisit pas le moment le plus connu du mythe d'Erigone pour son tableau. Erigone est plus connue avec son père Icarios pour avoir appris de Dionysos la façon de produire le vin . Lorsque des paysans de l'Attique se croyant empoisonnés après avoir abusé du vin nouveau tueront Icarios, Erigone se suicidera par pendaison. L'utilisation d'un couple féminin ici semble alors à la fois volontaire et gratuite de la part de Boucher. Le mythe est alors un prétexte pour permettre à Boucher de représenter un couple féminin.
Erigone vaincue fait parti d'un cycle de quatre tableaux représentant les saisons. Erigone vaincue (1745) est l'automne, Diane au retour de la chasse est l'hiver, les confidences pastorales sont l'été et deux bergères représentent le printemps (1745). Dans ce dernier tableau peint la même année le prétexte mythologique est abandonné, et le discours pastoral donne l'occasion à Boucher de représenter une fois de plus un couple féminin.
Il est difficile aujourd'hui de ne pas évoquer un érotisme lesbien à la vue de ces tableaux. Pourtant cela ne semble pas avoir marqué l'esprit des spectateurs du 18eme et 19eme siècle. Au temps de la production de ses tableaux, la peinture était destinée à un public d'hommes, même si elle pouvait parfois être commandité par des femmes (la marquise de Pompadour fut un des patrons de Boucher). Selon ce principe Erica Rand affirme que les spectateurs de cette époque ne voyaient pas dans ces couples féminins un érotisme lesbien. Considérant que le sujet désirant était l'homme, deux femmes dessinées enlacées ne forment pas un couple mais deux objets désirables pour l'homme spectateur.
Illustrations :
François Boucher
"Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé" 1750 (Musée des beaux-arts à Tours)
"L'enlèvement d'Europe"
"Jupiter et Callisto" ou "Diane et Callisto"
Jan Mabuse
Danaé 1527 (Alte Pinakothek, Munich)
Sources :
Erica Rand "Lesbian sightings, scoping for dykes in Boucher and Cosmo" dans Gay and lesbian studies in art history Par Timothy F. Murphy, Whitney Davis
Boucher utilise également des couples féminins pour des scènes plus intimes, dans lesquelles ils forment le sujet principal. Il utilise alors la mythologie pour justifier la représentation des couples féminins, comme avec Diane et Callisto. Callisto est une suivante de Diane et a fait vœu de chasteté. Jupiter, séduit par ses charmes, se déguise sous les traits de Diane avant de se présenter à Callisto. Il l'embrasse, puis ne dévoilant sa vraie nature que lorsqu'elle ne peut plus fuir, lui fait un enfant. Lorsque Diane s'aperçoit quelques moi plus tard lors d'un bain que Callisto est enceinte, elle cherchera à la punir. Jupiter la protègera alors en la transformant en ours. Boucher choisit de représenter dans ses tableaux "Diane et Callisto" ou "Jupiter et Callisto", le moment où Callisto ne s'est pas encore aperçue de la fourberie de Jupiter. Elle s'abandonne dans les bras de celui(celle) qu'elle croit être Diane. Sur ces tableaux seul l'aigle, rappelant la présence de Jupiter, indique que ce couple féminin n'en est pas un.
Boucher affectionne particulièrement ce thème et le représente au moins cinq fois pendant 25 ans (1744 Moscou voir au dessus, 1759 Kansas City, 1765 New York, 1769 Birmingham, 1769 Londres Wallace collection). A chaque fois il choisit le même instant du mythe de Callisto, alors que d'autres choisiront de représenter le moment où Jupiter reprends son apparence masculine (Caesar van Everdingen - Jupiter et Callisto 1655), ou lorsque Diane (la véritable déesse) réalise quelques mois plus tard lors d'un bain qu'une de ses suivantes a fauté avec un homme.
Néanmoins la mythologie est parfois impuissante à justifier les couples féminins de Boucher. Dans un autre mythe, une jeune fille nommée Erigone tapa dans l'oeil de Dionysos. Ce dernier l'engrossa en se transformant en grappe de raisins. Boucher donne dans Erigone vaincue une jeune partenaire à Erigone, qui ne peut pas être Dionysos lui même représenté sous forme de raisin. Qui est alors la jeune femme aux côtés d'Erigone ? (Si quelqu'un a la réponse je suis preneur). Elle ne semble pas nécessaire à la compréhension de la scène. Jan Mabuse représente deux siècles plus tôt Zeus sous forme de pluie d'or engrossant Danaé (voir plus bas) sans avoir recours à un deuxième personnage. De plus Boucher ne choisit pas le moment le plus connu du mythe d'Erigone pour son tableau. Erigone est plus connue avec son père Icarios pour avoir appris de Dionysos la façon de produire le vin . Lorsque des paysans de l'Attique se croyant empoisonnés après avoir abusé du vin nouveau tueront Icarios, Erigone se suicidera par pendaison. L'utilisation d'un couple féminin ici semble alors à la fois volontaire et gratuite de la part de Boucher. Le mythe est alors un prétexte pour permettre à Boucher de représenter un couple féminin.
Erigone vaincue fait parti d'un cycle de quatre tableaux représentant les saisons. Erigone vaincue (1745) est l'automne, Diane au retour de la chasse est l'hiver, les confidences pastorales sont l'été et deux bergères représentent le printemps (1745). Dans ce dernier tableau peint la même année le prétexte mythologique est abandonné, et le discours pastoral donne l'occasion à Boucher de représenter une fois de plus un couple féminin.
Il est difficile aujourd'hui de ne pas évoquer un érotisme lesbien à la vue de ces tableaux. Pourtant cela ne semble pas avoir marqué l'esprit des spectateurs du 18eme et 19eme siècle. Au temps de la production de ses tableaux, la peinture était destinée à un public d'hommes, même si elle pouvait parfois être commandité par des femmes (la marquise de Pompadour fut un des patrons de Boucher). Selon ce principe Erica Rand affirme que les spectateurs de cette époque ne voyaient pas dans ces couples féminins un érotisme lesbien. Considérant que le sujet désirant était l'homme, deux femmes dessinées enlacées ne forment pas un couple mais deux objets désirables pour l'homme spectateur.
Illustrations :
François Boucher
"Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé" 1750 (Musée des beaux-arts à Tours)
"L'enlèvement d'Europe"
"Jupiter et Callisto" ou "Diane et Callisto"
- 1744 (Musée Puschkin, Moscou)
- 1759 (Kansas City)
- 1765 (New York)
- 1769 (Birmingham)
- 1769 (Londres Wallace collection)
Jan Mabuse
Danaé 1527 (Alte Pinakothek, Munich)
Sources :
Erica Rand "Lesbian sightings, scoping for dykes in Boucher and Cosmo" dans Gay and lesbian studies in art history Par Timothy F. Murphy, Whitney Davis